Moyen Âge
Sommaire
Articles
M. Taylor, « L’embrasement du pont du Rhône de 1670
Gestion et perception du fléau du feu à Genève dans la seconde moitié du XVIIe siècle »
M. Caillat, « Genève, centre mondial du mouvement antibolchévique durent l’Entre-deux-guerres : l’Entente internationale anticommuniste de Théodore Aubert » ;
Outils et lieux de la recherche
M. de la Corbière, « Petite réflexion sur les apports des sociétés savantes à la recherche historique régionale »
J.-F. Gilmont, « La base de données « GLN 15-16 » (Genève, Lausanne, Neuchâtel, XVe et XVIe siècle) » ;
M. Piguet, « Adhémar, base de données des Archives d’Etat de Genève » ;
M. Piguet, « Catalogue des travaux d’étudiants relatifs à l’histoire de Genève (2002 à 2009) » ;
Hommage
A.-M. Piuz, « Hommage à Jean-François Bergier »
L’année 1540 est essentiellement marquée par les suites de l’affaire du traité négocié par les Articulants l’année précédente. Les autorités genevoises tentent à tout prix de le faire annuler, avec succès, en rejetant la faute sur leurs trois ambassadeurs, lesquels sont soutenus par Berne, qui cherche ainsi à laver son honneur.
La condamnation à mort des Articulants en juin provoque une émeute, dont les conséquences se font sentir jusqu’à la tête du gouvernement et durent jusquà la fin de l’année.
Aux désordres causés par les fugitifs qui ont quitté Genève au lendemain de l’émeute s’ajoutent les infractions de juridiction des officiers bernois dans les terres de Saint-Victor et Chapitre, qui deviennent de plus enplus audacieuses.
La défense de la ville est une préoccupation constante et les travaux engagés durant l’été 1539 se poursuivent et se renforcent, surtout après les événements de juin. L’entreprise la plus marquante de l’année est la destruction du faubourg de la Corraterie décidée en septembre, malgré les protestations de ses habitants.
Du côté de la religion et de la discipline ecclésiastique, les ministres de la ville se heurtent à la résistance d’une partie de la population encore attachée au catholicisme. Confrontés à des critiques et à des insolances à leur égard, deux d’entre eux, Jean Morand et Antoine Marcourt, quittent la ville en août et en septembre respectivement. Ces défections ainsi que le changement de majorité au sein du gouvernement entraînent le rappel de Jean Calvin à Genève, qui en a été chassé en 1538. Occupé ailleurs, ce dernier repousse sa venue et n’arrivera qu’en septembre 1541. En attendant, les deux ministres restés à Genève pourront compter sur Pierre Viret, appelé en renfort, lequel arrivera en début d’année.
Le monde est une scène, la vie est un drame : la métaphore du théâtre du monde est l’une des plus triviales qui se trouvent. Elle s’insinue jusque dans le vocabulaire, par exemple dans le mot « personne », dérivé du latin persona signifiant « masque », puis « personnage » de théâtre. Le théâtre fournit donc à la théorie un certain lexique, ainsi qu’un véhicule métaphorique qui se révèle opératoire dans de nombreux domaines, par exemple en rhétorique, en éthique ou en métaphysique. Comment la formalisation de l’objet esthétique qu’est le théâtre a-t-elle pu influencer la théorisation de problèmes abstraits et complexes, tel celui de l'action humaine ? En leur offrant un modèle analogique et artificiel, comme on le verra en inventoriant les formulations et usages métaphoriques du drame de la vie de l’Antiquité au XVIIe siècle, notamment chez certains auteurs décisifs comme Cicéron, Plotin, Thomas More, Montaigne, Shakespeare ou Calderón. Si l’étude de cette métaphore contribue à l’écriture d’une histoire dramatique de notions comme la « personne », elle permet réciproquement d’établir l’histoire philosophique des mots du théâtre, comme l’acteur, le personnage, le poète, la scène ou le spectateur. Les références métaphoriques au théâtre dessinent ainsi en creux une théorie du théâtre qui vient compléter de façon souvent originale les sources « directes », Poétiques et Arts de l’acteur. Loin d’être une figure de style figée, la métaphore ouvre des perspectives nouvelles dans chacun des deux champs qu'elle rapproche : elle établit un dialogue entre réflexion théorique et expérience dramatique, entre Socrate et Shakespeare.
Continuation succincte du Tristan en prose, s’inscrivant dans l’intervalle qui va de la naissance de Tristan au remariage de Méliadus avec la fille du roi Hoël, le Roman de Meliadus (1235-1240) est une œuvre demeurée ouverte, en raison de son inachèvement autant que par le dialogue constant qu’il instaure avec les autres romans arthuriens. S’il revendique sa filiation et assume son statut de récit puîné, les réminiscences qu’il exhibe masquent aussi les gauchissements, les infléchissements qui lui permettent de faire du neuf avec du vieux. C’est ce jeu que Barbara Wahlen étudie et montre à voir, non seulement dans le Roman de Meliadus proprement dit, mais également dans trois de ses relectures, qui actualisent et renouvellent la signification du roman en profondeur. La première est une continuation de la toute fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle qui est aujourd’hui conservée par le seul manuscrit Ferrell 5. La deuxième actualisation retenue est celle qu’offre Meliadus de Leonnoys, l’imprimé publié en 1528 par Galliot du Pré, fruit d’un minutieux travail de découpage et de remontage. La dernière enfin est l’extrait paru en 1776 dans la Bibliothèque Universelle des Romans.
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La mobilité géographique est d'une brûlante actualité. Ce volume a choisi un fil directeur pour l'aborder dans ses manifestations médiévales, celui du nom des migrants. Au-delà de l'étude des courants migratoires, de leurs directions et de leur intensité, il s'agit de déchiffrer, à travers les comportements onomastiques, les relations entre autochtones et nouveaux venus, et les modalités de l'intégration des étrangers. Cette approche implique une connaissance approfondie des caractéristiques anthroponymiques régionales. Selon des méthodes variées, des exemples divers sont ici examinés, choisis à travers toute la période, pris dans différentes régions, concernant des individus pauvres ou riches, tous venus de loin, autour d'une même question : qu'arrive-t-il au nom des migrants ?
Perceforest est une vaste fresque dont les six livres, se posant en cronicque, racontent la préhistoire du Graal en réunissant les gestes d’Alexandre et d’Arthur dans un univers où la féerie sert d’intermédiaire entre le paganisme et le christianisme. La datation de ce roman anonyme au XIVe siècle, couramment admise, pose de nombreux problèmes: certains épisodes renvoient au XVe siècle, tous les manuscrits conservés sont en relation, plus ou moins directe, avec le monde bourguignon de Philippe le Bon. Montrant que d’une part aucun des arguments en faveur d’une datation au XIVe siècle n’est décisif, et analysant tout ce qui dans le roman pourrait renvoyer à la Bourgogne des années 1450, Christine Ferlampin-Acher propose l’hypothèse d’un Perceforest centré sur un enjeu idéologique fort, le refus des unions hybrides, entre humain et esprit, éclairé en particulier par le fascinant luiton Zéphir, et écrit par David Aubert dans le contexte de la vauderie d’Arras et tentant d’élaborer une « mythologie » bourguignonne, en support aux ambitions politiques de Philippe le Bon.
Jean Golein occupe une place tout à fait particulière aussi bien dans l’histoire des traductions du XIVe siècle, profondément marquée par le règne de Charles V, que dans l’histoire des idées de l’époque. Désormais, une réflexion sur les principes culturels, religieux et politiques devient courante non seulement dans les prologues des traducteurs, mais aussi dans les digressions de type divers qui se manifestent dans le corps même des traductions commanditées par Charles V. Un nouvel humanisme est en train de s’élaborer où religion et politique d’une part, culture et morale d’autre part convergent singulièrement vers une notion jusqu’alors peu exploitée, l’éthique politique. Grâce à Jean Golein, traducteur du Rationale divinorum officiorum de Guillaume Durand, sans doute achevé dès 1286, l’humanisme prend, vers les années 1371-1374, une tournure nouvelle, et ce particulièrement à l’instigation de Charles V lui-même, dans la mesure où il s’agit de transposer en langue vernaculaire, et avant tout pour le roi, un manuel de liturgie raisonnée dans une perspective allégorique et symbolique : c’est la première transposition de ce genre en langue française. Une telle entreprise n’est pas sans conséquence sur l’histoire de la langue, puisque Jean Golein, avec un minimum de néologismes, réussit à rendre en français des concepts qui, jusqu’alors, n’étaient exposés et analysés qu’en langue latine. Le commentaire qui accompagne l’éditon du Racional des divins offices, ainsi que celle des Prologues et du Traité du sacré, montrera à quel point Golein se pose en défenseur de la monarchie de Charles V.